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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Le Taureau de Camargue

Le Taureau de Camargue

Aujourd'hui je vous emmène en Camargue où paissent de nombreux troupeaux de taureaux depuis la nuit des temps...

 

Un peu d'histoire...

 

On ne sait pas exactement depuis quand le taureau est élevé en Camargue. Mais on a retrouvé près de la ville d'Arles, des ossements de taureaux mêlés à ceux de chevaux datant du paléolithique. Il existait donc une race de taureau sauvage en Camargue à cette époque.

 

On a retrouvé aussi une représentation de l'animal sur une monnaie en provenance de Massalia (Marseille antique) datant du IIIe siècle avant notre ère.

C'est donc la peuve que les gens du sud s'intéressaient déjà à cet animal, mais on ne sait pas ni pourquoi, ni pour (en faire) quoi, peut-être tout simplement pour le vénérer comme leurs ancêtres...

 

En effet depuis les temps anciens, le taureau a joué un rôle important pour l'homme...

 

Un célèbre taureau de la grotte de Lascaux

Un célèbre taureau de la grotte de Lascaux

 

Figure essentielle de l'art paléolithique, objet de sacrifice chez les grecs anciens et les romains, mis à l'honneur en Inde,  le taureau faisait partie du bestiaire sacré des Gaulois et on le retrouve dans la plupart des mythologies du pourtour du bassin méditerranéen. 

Il apparaît en particulier dans le culte de Mythra très important du temps des Romains. 

Le taureau a toujours été  le symbole de la puissance, du courage et de la fécondité. C'est donc normal que cet animal ait dominé les croyances, les coutumes et l'imagination des peuples méditerranéens antiques.

 

Au IVe siècle, avec l'avènement du christianisme, le taureau perd son caractère sacré pour être associé au diable.

 

Puis, jusqu'au Moyen Âge, cette figure symbolique trop forte, tombe dans l'oubli, et il est remplacé peu à peu par le boeuf.

On le retrouve ensuite dans le bestiaire du Moyen Âge, puis il sera très présent sur les blasons.

 

Tout ce dont on est sûr, c'est qu'au XVIe siècle, le taureau était déjà élevé en Camargue pour la viande et pour aider (comme les boeufs) aux travaux des champs. C'est aussi au XVIe siècle que les premières courses camarguaises ont lieu.

Mais peut-être y a-t-il eu, durant les siècles précédents, lors des fêtes populaires, d'autres jeux taurins inconnus ?

On signale entre 1530 et 1570, la présence d'un certain capitaine de Ventabren "qui ne craignait point d'attaquer les taureaux furieux de Camargue".

A cette date, les nobles espagnols pratiquaient déjà la corrida à cheval (avec mise à mort du taureau) avant que celle-ci ne devienne plus populaire et essentiellement "à pied" au XVIIIe siècle.

 

Ce n'est donc que récemment (à l'échelle humaine) que le taureau a été utilisé pour les jeux taurins en Camargue. Jeux qui sont devenus "traditionnels" mais qui sont, somme toute, récemment entrés dans la culture du Sud.

Au XIXe siècle le taureau sera d'ailleurs élevé uniquement pour les courses et les taureaux seront sélectionnés pour leur combativité, leur intelligence et leur rapidité et non pas pour leur agressivité, comme c'est le cas des sélections pour la corrida.

 

 

Oui...il s'agit bien de ces mêmes animaux qui faisaient tant peur à ma mère quand elle prenait le raccourci par les champs pour se rendre à l'école, passant sous les barbelés ou par le bord des roubines, heureusement accompagnée par un petit héros de 6 ans, son petit voisin, qui n'avait peur de rien, étant lui-même, fils de manadier !

Bien sûr à l'époque elle croyait qu'il ne fallait pas porter de couleur rouge pour ne pas énerver les taureaux, mais heureusement elle ne savait pas que ce n'est pas la couleur rouge qui les énerve, car les taureaux voient en noir et blanc, mais le mouvement... car alors elle n'aurait pas couru pour traverser les champs !

 

 

 

L'élevage...

 

Vous l'aurez compris, la race camarguaise de taureau (la "raço de biou" en provençal) existe en Camargue depuis très longtemps. Il faut dire que les pâturages de Camargue, situé au niveau du delta du Rhône, où ne poussent que des salicornes et des roseaux, ne permettent pas d'élever d'autres animaux et sont impropres à la culture...mais ils offrent une diversité de paysages et de zones humides qui favorisent l'élevage des taureaux, animaux rustiques par excellence.

 

Actuellement, deux races de taureaux sont élevées en Camargue : la "camargue" (la raço di biou) et  la "brava" (race d'origine espagnole, celle des taureaux de combat). Le croisement des deux est autorisé.

Les éleveurs privilégient la combativité et l'intelligence et non pas la productivité !

 

Le plus fréquent, le taureau de Camargue est un petit animal ne mesurant que 1 m30 au garrot pour les mâles et seulement 1 m20 pour les femelles. Sa tête est surmontée de deux superbes cornes, caractéristiques de la race qui se dressent verticalement et forme fréquemment chez les femelles une forme de lyre. Sa robe est de couleur noire ou brune.

 

 

 

                                   Photo empruntée au site : http://www.camargueacheval.com/

 

Le taureau de combat, lui, a été introduit en Camargue à la fin du XIXe siècle. Il est généralement plus grand que la race de Camargue. La robe présente des variations de couleur. Ses yeux sont ornés de longs cils. Enfin, les cornes sont dirigées vers l'avant et en forme de "gobelet". En Camargue, il est élevé essentiellement pour les sports de combat.

 

 

                               Photo empruntée au site : http://www.parc-camargue.fr/

 

Les deux races sont sélectionnées de manière différente puisque les taureaux sont destinés à des jeux taurins différents...mais élevées de la même façon dans des manades.

 

L'animal vit en semi-liberté toute l'année. Ce n'est pas à proprement parler un animal domestique ! C'est un animal très résistant qui nécessite peu de soins. Il suffit de se rendre en Camargue pour en être convaincus.

Les femelles mettent bas à l'extérieur. Le petit veau naît au bout de 11 mois. Elles produisent suffisamment de lait pour nourrir leurs petits pendant 6 mois. Ensuite il est sevré.

Chaque troupeau est mené par un simbeus, c'est-à-dire un taureau qui a été habitué à obéir à la voix de l'homme. Le simbeus aide donc le guardian dans la nature mais aussi dans l'arène.

Les guardians rassemblent à cheval les troupeaux pour vérifier l'état de santé des taureaux et trier ceux qui participeront aux courses et ceux qui partiront à l'abattoir.

 

 

Les jeux taurins...

 

On sélectionne les cocardiers (mâles castrés) dont le caractère est adapté à la course à la cocarde et autres jeux taurins (abrivados, ferrades, encierros...) dont je n'ai jamais été friande mais qui reste "traditionnels" en Camargue.

 

Vous pouvez voir ou participer à des courses de taureaux ou autres jeux taurins lors des ferias. Celle de Nîmes par exemple est très célèbre.

 

Ou encore visionner cette vidéo qui se passe dans la ville d'Arles et qui vous permet d'avoir une petite idée de la manifestation qui s'appelle la "Course camarguaise de la Cocarde d'or".

 

Ou des extraits d'Abrivado et autres jeux taurins...

 

Abricado et jeux taurins

Ou encore La Fête des guardians...

Fête des guardians

 

Les femelles sont gardées pour la reproduction ou sélectionnées pour la course camarguaise.

 

 

La filière viande

 

Les taureaux qui ne sont pas gardés pour les courses ont toujours été vendus pour la boucherie.  Ceux qui ont participé à des jeux taurins, par contre, sont exclus de la filière viande.

 

 

Le Taureau de Camargue

La viande de taureau bénéficie d'une AOC française depuis 1996 et d'une AOP (reconnaissance européenne) depuis 2011. C'est la première viande bovine à avoir obtenu une AOP.

Vous pouvez consulter le cahier des charges ICI.

L'été, le taureau mange dans les prés, des plantes variées qui font la qualité de la viande. Rien de plus naturel donc que cette viande ! En hiver, un complément alimentaire est parfois apporté.

 

La viande de taureau est une viande très goûteuse. Elle a une belle couleur rouge. On la compare souvent au gibier mais en moins fort (celle du taureau espagnol par contre est beaucoup plus forte).

 

Le taureau court dehors toute la journée : la viande est riche en micro nutriments, acides aminés, vitamines B (B3, B6 et B12) et D,  minéraux et oligo-éléments (fer bien sûr, sodium, calcium, zinc, sélénium...) et contient peu de graisse. Elle serait beaucoup plus équilibrée en oméga 3 et 6 que la viande de boeuf...

 

En Provence on consomme du taureau depuis longtemps. On fabrique en Arles et dans le Gard du saucisson de taureau que j'ai mainte fois mangé depuis mon enfance et dont mon père raffolait.

Avant, la viande de taureau ne se trouvait que dans certaines bonnes boucheries des grandes villes et était parfois réservée à certains restaurants gastronomiques en lien direct avec les manades.

La filière tend à se développer, espérons que l'AOC/AOP suffira à ce qu'elle conserve longtemps sa qualité nutritionnelle et gustative...et que le taureau fera encore longtemps parti des paysages camarguais.

 

Voilà pour ce bref aperçu camarguais. Vous trouverez de plus amples renseignements sur la Camargue et ses traditions en consultant les sites de la ville d'Arles ou des Sainte-Marie-de la mer par exemple...ou vous pouvez télécharger en direct les brochures touristiques concernant la Camargue.

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