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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Charlie Hebdo...c'est impossible de résumer un demi-siècle d'histoire du journal

D'après moi, c'est impossible de résumer un demi-siècle d'histoire d'un journal aussi riche que Charlie Hebdo. Ma très modeste contribution permettra peut-être aux "jeunes" internautes, qui n'ont pas lu Hara-kiri en cachette dans la cour de leur lycée comme je l'ai fait, ni les premiers Charlie Hebdo des années 70, de mieux s'y retrouver dans le flot actuel d'informations.

 

Pour en savoir plus en images, vous pouvez consulter les archives de l'INA où des vidéos très intéressantes nous font revivre les événements importants à travers la voix des principaux protagonistes et des journalistes de l'époque qui sont quelquefois les mêmes qu'aujourd'hui (en plus jeunes !).

Il suffit de se rendre sur le site de l'INA ICI,  puis de taper un des mots clés : Charlie Hebdo, Cavanna, Cabu, ect...

OU bien, vous pouvez aussi cliquer sur le lien ICI pour y visionner les principales étapes de l'histoire du journal.

 

 

Quel type de journal est Charlie Hebdo ?

 

Charlie Hebdo n'est pas un journal comme les autres : c'est un journal hebdomadaire satirique. Dans son équipe de rédaction travaillent des dessinateurs de presse particuliers que l'on appelle des caricaturistes car ils ne dessinent que des caricatures.

 

Une caricature c'est quoi ? C'est un dessin qui tourne en ridicule une situation donnée (ou une personne) et se moque donc de quelque chose (ou de quelqu'un).

Un journal satirique utilise la satire comme moyen d'informer ses lecteurs.

 

Les dessinateurs de presse ont donc un double don. Ce sont des dessinateurs de talent et ils savent rapidement aller au coeur de l'information importante en mettant en avant le fait marquant de l'actualité.

Ils simplifient donc l'information pour leurs lecteurs et à travers leurs dessins, les lecteurs peuvent reconstituer toute l'histoire d'un événement.

 

Bien sûr les caricatures dérangent, car elles se moquent et sont le plus souvent provoquantes, donc non dénuées d'humour...

Mais il ne faut pas oublier que le dessinateur de presse est avant tout un journaliste. Il "pense en images".

La liberté d'expression des médias est un droit essentiel.

 

 

Petite histoire du journal de sa création à nos jours ...

 

 

http://pmcdn.priceminister.com/photo/collectif-hara-kiri-mensuel-journal-bete-et-mechant-n-162-chomeurs-c-est-pas-avec-cette-tete-la-que-vous-trouverez-du-boulot-rasez-vous-livre-875831619_ML.jpg

En 1969, l'équipe de journalistes (une bande d'amis dessinateurs) qui travaillaient au journal "Hara-Kiri, journal bête et méchant" (interdit de publication en 1961 puis à nouveau en 1966) publie d'abord "Charlie", un journal mensuel de Bandes Dessinées contemporaines d'origine italienne, américaine ou française.

Le nom de Charlie provient du nom d'un des héros de Peanuts, "Charlie Brown". C'est Cavanna qui traduit les textes.

 

 

En parallèle, en février 1969, la bande crée un autre journal qui s'appelle "Hara-Kiri hebdo" et sera rebaptisé ensuite, "l'hebdo Hara-Kiri". C'est le professeur Choron (Geoges Bernier) qui devient son directeur de publication.

 

Mais ce journal va être interdit en novembre 1970 suite à la parution d'une UNE du journal commentant la mort du Général De Gaule (voir ci-dessous). Un autre drame avait aussi marqué la France au même moment (un terrible incendie dans un Dancing). La UNE combine les deux événements et titre "Bal tragique à Colombey-1 mort". Dès le lendemain, "l'hebdo Hara-Kiri" n'est plus.

Mais l'équipe décide de rebondir et de continuer la parution du journal  en changeant tout simplement son titre qui devient : "Charlie Hebdo".

Cavanna est alors le rédacteur en chef. Le journal prend peu à peu le relais d'Hara-Kiri et devient le symbole de la liberté d'expression.

 

http://scd.rfi.fr/sites/filesrfi/imagecache/aef_image_original_format/sites/images.rfi.fr/files/aef_image/C15_0.jpg

 

En décembre 1981, faute de lecteurs réguliers, le journal stoppe sa parution et dépose le bilan. Il a eu le temps de soutenir la candidature de Coluche aux élections présidentielles !

Il sera officiellement enterré le 2 janvier 1982 lors de l'émission de Michel Polac "Droit de réponse".

 

Cavanna enrage et déclare "Les lecteurs ne nous aurons plus, qu'ils crèvent, tant pis pour eux. Ils préfèrent trouver la critique du régime dans les journaux d'extrême-droite qui sont mauvais. Ce sont des cons".

 

En mars 1981, l'équipe lancent "Charlie matin", un journal dont la parution sera éphémère.

 

Il faudra attendre juillet 1992 pour que le journal renaisse enfin, avec une nouvelle équipe et une bonne partie de l'ancienne. Philippe Val, Cabu, Gébé et le chanteur Renaud financent le premier numéro. Ils créent en même temps une société d'actions et deviennent à 80 % propriétaires de leur journal ce qui signe leur indépendance. On y retrouve donc Cavanna, Delfeil de Ton, Siné, Willem, Wolinski (ancienne équipe dont Gébé, Cabu qui ont participé au financement) plus les petits nouveaux : Charb, Renaud, Tignous, Luz et Oncle Bernard ( Bernard Maris). Le grand absent est le professeur Choron.

Le journal est accueilli par le public comme une reprise de l'ancien Charlie.

 

Ses caractéristiques : liberté de ton et diversité des sujets et des opinions. Les opinions contraires manifestées par l'équipe sont exprimées indifféremment par les uns ou les autres dans le même journal.

 

Comme dans tous les journaux qui ont une ligne éditoriale bien marquée (ici à gauche et contestataire), l'équipe se réserve le droit de se séparer d'un chroniqueur  ou de se désolidariser de certains courants de pensée. A l'inverse, s'il n'est pas d'accord avec la direction, chacun est libre de quitter le journal.

 

En 2006, l'affaire des caricatures de Mahomet, que je ne reprendrai pas ici, éclate au Danemark. Chacun se fera son idée sur le net.

 

Charb déclare : "J'ai vu les dessins, c'est énormément de bruit pour pas grand-chose..."

 

L'année suivante, Charlie Hebdo publie donc les 12 caricatures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le journal est poursuivi en justice pour "injure publique à l'encontre de la communauté musulmane" par la Grande Mosquée de Paris, l'Union des organisations islamiques de France et la Ligue islamique mondiale mais l'hebbo gagnera le procès en 2008 au nom de la liberté d'expression, mais surtout parce que ce n'est pas la communauté musulmane qui est visée mais "clairement une fraction" de ces musulmans, à savoir les terroristes et les intégristes.

Toute condamnation aurait débouché sur une auto-censure nuisible à la liberté de la presse.

 

En juillet 2008, Siné quitte le journal pour publier un journal concurrent. Il a été licencié pour "antisémitisme". Gébé est mort. D'autres dessinateurs s'en vont. Renaud, un des principals actionnaires quitte aussi le journal.

Lire à ce sujet l'article paru dans ACRIMED ICI. Il montre bien que tout n'était pas rose au sein de l'équipe à cette époque.

 

En 2009, Philippe Val (il était à la tête du journal depuis 17 ans) part à Radio France et Charb devient le nouveau directeur de la publication.

 

Dès 2011, le journal est en perte de vitesse (comme toute la presse écrite française).

De nombreuses plaintes à l'encontre du journal ont lieu : interdictions ou tentatives d'interdictions qui n'aboutissent pas, procès divers...

 

Un incendie criminel décime les locaux suite à la UNE du journal, rebaptisé "Charia Hebdo" et le site du journal est piraté.

 

http://3.bp.blogspot.com/-CassiJ9EgIo/TrEUdBHDRUI/AAAAAAAADUI/2n30MNhNyQA/s400/Charia+Hebdo.png

 

L'équipe est hébergée quelques temps dans les locaux de Libération.

Depuis fin 2011, Charb, le directeur du journal bénéficiait d'une protection policière...mais n'a jamais renoncé à ses convictions.

 

Charb ironisait  même : "Ici on ne craint rien, on est en France, on respecte la loi..."

«C'est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux», avait-il lancé aussi en 2012.

Pour Tignous : "La caricature est un témoin de la démocratie".

Pour Cabu : "Notre ressort est de dénoncer la bêtise en faisant rire".

Pour Wolinski : "Être scandaleux c'est dire aujourd'hui ce que tout le monde dira dans dix ans".

 

Et voilà la UNE du mercredi 7 janvier 2015...commentant la sortie du livre de Houellebecq "Soumission".

 

 

Charlie Hebdo...c'est impossible de résumer un demi-siècle d'histoire du journal

Quels sont les sujets de prédilection du Journal ?

 

Les reportages portent sur divers sujets : les religions, l'extrême droite, la politique, la culture, l'actualité en France ou dans le monde, bref les sujets habituellement traités par n'importe quel journal d'actualité.

Les différents chroniqueurs sont souvent en désaccord et expriment librement leurs idées dans le journal : c'est ça la démocratie !

 

Ce qu'on appelle dans le jargon médiatique "l'esprit Charlie" est indéfinissable : liberté de ton, humour décapant, valeurs de gauche...et provocation certes mais pour la bonne cause car pour eux l'important c'est de continuer à incarner la gauche antiraciste, sans compromis possible. Ils rient de tout et de tous ! 

 

Chacun est libre d'aimer ou pas, de rire ou pas mais quoi qu'il en soit les dessinateurs de presse ne font que leur travail. Quelles que soient leur opinions et leurs origines, ils partagent un trait commun, celui de s'exprimer librement avec pour seule arme, leur crayon...

Charlie Hebdo...c'est impossible de résumer un demi-siècle d'histoire du journal

Ils sont tous morts... pour la liberté d'expression.

Charlie Hebdo...c'est impossible de résumer un demi-siècle d'histoire du journal
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